Du Benjamin Biolay en boucle sur le PC, une valise à faire & la cheville qui appelle à l'aide. J'ai peur. Et cette lettre sur le bureau, qui n'attend qu'une enveloppe et un timbre. Aurai-je une réponse ? Quelques mots, et un sourire. J'ai le coeur en vrac et je sais pas si j'aurai le cran d'affronter son absence lorsque sonnera l'heure. "Tout ça me tourmente, tout ça me tourmente un peu. La douleur m'éventre.." J'ai pas envie qu'elle s'en aille. J'voudrais rattraper le temps, et faire comme si elle était toujours là, marchant à mes côtés. J'avais 4, 5 ans et elle s'occupait de moi.Je l'aimais si fort, elle me le rendait bien. Les photos vieillissent dans un petit album quelque part dans ma chambre. Et moi aujourd'hui, dans mon égoïsme d'adolescente épanouie, je ne pense à elle que lorsque mes insomnies me rappellent notre passé. "La félicité toute seule peut assécher le coeur de l'homme ; c'est pas moi qui l'ai dit. S'il te plait, reviens-nous, reviens-moi. Des Noël avec toi, des balades dans les vignes et ta dignité de vieille dame. Le dernier lien avec cette "avant" que personne n'évoque. Cette Bretagne qui semble recéler tant de secrets sur toi, sur nous, sur moi. Ma famille, mes racines. Je crève de trouille. Et s'il faut affronter ta mort, comment je ferai ? Je ne suis pas forte moi, je ne suis pas comme ça. Je veux te serrer contre moi encore, je veux respirer ton odeur qui me rassurait tellement. Je veux te parler de mon cheval, de mes amis, de mes amours. Je veux que tu sois fière de moi encore, je veux..
Je voudrais.. j'aurais voulu... te présenter mon copain, obtenir cette mention au bac pour toi, que tu vois mon cheval progresser, te parler de mes projets d'avenir.. j'aurais voulu.. être moins égoïste, être là pour toi... être une petite fille exemplaire, plus à la hauteur que ton fils - mon père..
Je t'aime, tellement, et je n'ai jamais su te le dire.
Pardonne-moi.
"Tout ça me tourmente, tout ça me tourmente, tout ça me tourmente un peu. La douleur m'éventre, mais je rie dès que je peux. "