Une nuit de débauche, une nuit magique, de cette magie des premières fois.

Le départ fut plus difficile que l'arrivée. Il y avait l'amoureux transi et timide, le tombeur frustré, le possessif et d'autres encore. Des visages, des regards, corps étrangers collés les uns contre les autres. Accords tacites en un regard, un sourire. S'offrir un peu à l'autre, pour quelques minutes, quelques heures ; et laisser à Morphée le soin d'en estomper le souvenir.
S'offrir le luxe de devenir quelqu'un d'autre, de passer pour une débauchée, une pute même. Danser d'une certaine façon pour attirer certains regards, ou juste se laisser porter par la musique, et la joie de l'interdit, de l'ailleurs.
Tant de visages, tant de prénoms que j'aurai oublié d'ici quelques jours. Et au milieu, une rencontre, plus marquante que les autres. Peut être devrai-je passer St Eloi au peigne fin, ou encore passer tous mes jeudis soir au Cargo, avec l'espoir -ce sale espoir- de l'apercevoir encore, de lui offrir encore un sourire, une danse. L'émoi enfantin de deux mains qui se touchent, un bai
ser sur la joue, un sourire, avant de partir sans se retourner, pieds nus sur le bitume humide, les chaussures à la main.


Tu m'aurais sans doute moins marqué, si j'avais seulement su ton prénom.