Vivre la nuit.

Jeudi 22 juillet 2010 à 23:02

"Ô nuit ! Ô rafraichissantes ténèbres ! Dans la solitude des plaines, dans les labyrinthes pierreux d’une capitale, scintillement des étoiles, explosion des lanternes, vous êtes le feu d’artifice de la déesse Liberté."

Un oeil sur Facebook, l'autre dans Le Spleen de Paris. Dire que je détestais Baudelaire il y a 6 mois de ça. Ca fait 3 jours que je vis dans mon lit, coincée dans 25m² par une micro entorse à la cheville. Mon casque sur les oreilles h24, je ne laisse aucun répit à mon ordinateur que je n'éteins que lorsque mon père vient gueuler, aux alentours de minuit/une heure.
Je devrais être heureuse : entourée par Baudelaire, Sartre, Laclos, Beckett, Duras et tant d'autres, à faire la marmotte sous les couvertures. Mais je n'ai pas envie de ça ce soir.

"Le Crépuscule du soir" de Baudelaire me rappelle douloureusement mes soirées montpellierraines. J'ai envie du sourire d'Alexandra, de nos pieds nus sur le bitume brulant ou les pavés à la propreté relative. J'ai envie de sortir à 2 heures du matin, sous la nuit noire et chaude, aller à la rencontre des gens et leur voler leur bouteille. J'ai envie de me réveiller à midi, dans les bras de quelqu'un -peu importe qui- avec du noir plein les yeux et les cheveux emmêlés d'une nuit presque blanche. J'ai envie de rire, comme une folle, dans ces ruelles sombres, de repasser dans la rue de la Vieille pour qu'un inconnu me déclare furtivement qu'une vieille a dû canner dans cette ruelle. J'ai envie d'un Martini Blanc vers 21h, de manger une pomme et d'enchainer sur un Long Island. Après, un whisky coca suffira à me dépraver, ou plus traditionnellement, un bon Get 27 avec plein de glaçons. J'ai une envie irrépressible de nouvelles rencontres, d'inconnus plus ou moins recommandables, de fous rires complices pour rien -un mot, un regard.
Je veux le silence troublé de la rue de la Loge, de St Roch ou de St Anne. Je veux parcourir cette ville mon 50D à la main, Alexandra dans le viseur et une bouteille dans le sac. Je veux avoir mal aux pieds de marcher sur des talons trop hauts, et les enlever au bout de 2 heures. Je veux avoir prévu quelque chose et vivre son opposé. Que rien ne se déroule comme prévu, c'est tellement plus excitant. Et puis que dire ?

Ce genre de nuits ne s'expliquent pas ; elles se vivent.
Alors bonne nuit.

Ce soir, c'est Mozart.

Mots en l'air.

Nouveau souffle.

Par Fanny. le Vendredi 23 juillet 2010 à 23:28
J'aime ce texte, qu'est-ce que je l'aime ! Tu écris vraiment bien. En tout cas, j'aime ton style d'écriture.
J'aimerai tant avoir cette facilité. Mais je suis un peu découragée.
 

Nouveau souffle.









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